La maison à 15 € par jour
Communiqué : "Mme Boutin, ministre du logement, vient de lancer la maison à 15 € par jour avec l’objectif d’en construire 5000 cette année.
Si la volonté de résoudre le problème du logement et des primo accédants est réelle et louable, nous ne pouvons que regretter une nouvelle fois l’erreur fondamentale de s’accrocher à ce type d’habitat. Alors que les discours vertueux sur la ville compacte et un développement urbain durable et citoyen se multiplient, les pouvoirs publics incitent à des solutions d’aménagement urbain catastrophiques. Le développement de l’engouement pour la maison individuelle, « idéal » du mode de vie français, a fait exploser le besoin de lotissements. L’urbanisation a été laissée soumise aux lois du marché. Cette nouvelle mesure, après la maison Borloo à 100 000€, axée sur la maison individuelle, va générer encore plus de lotissements, véritables gangrènes de nos paysages.
Les coûts de viabilité et l’énergie consommée par cette dispersion, la multiplication des besoins automobiles et l’augmentation de la pollution induite, la pauvreté architecturale et environnementale générée par une offre de modèles de catalogues sont quelques unes des conséquences de ce type d’habitat, avec des dégâts sociétaux irréversibles.
Il est au contraire impératif pour construire des villes belles et solidaires d’intervenir sur la régulation de la consommation foncière. Il faut marginaliser de façon drastique les opérations de lotissement, et les conditionner à des cahiers de charge architecturaux et environnementaux « citoyens ».
Les mentalités changent rapidement, le public veut aujourd’hui un habitat écologique, des matériaux naturels. Il faut accélérer cette évolution, mettre sur le marché et promouvoir une offre d’habitat près des centres, avec des espaces extérieurs privatifs et collectifs, proches des services et des lieux de travail.
Proposons au ministère de la Ville de lancer des programmes urbains d’éco-logements collectifs ou semi-collectifs, avec des matériaux sains, à basse consommation, proche des services et des lieux de travail.
Grâce à cette nouvelle offre de logements répondant réellement aux besoins et aux aspirations d’une vie avec moins de pollution, de temps passé dans les transports et de « pouvoir d’achat » dilapidé dans les factures de véhicules, d’électricité et de chauffage, faisons évoluer très vite le mythe du bonheur pavillonnaire !
Nos concitoyens y gagneront en qualité de vie.
Que l’Etat montre l’exemple d’une reconstruction de la ville sur la ville dans son propre domaine foncier et immobilier urbain.
Dans une période d’élections municipales, qu’il informe et forme les élus sur les moyens à leur disposition pour faciliter le recours aux outils de la préemption et de la politique urbaine. Ils pourront ainsi mieux prendre en charge leur responsabilité fondamentale : la gestion de leur ville et son développement."
Lionel DUNET, Président CNOA
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